J’ai été à nouveau frappé, lors de mon séjour à Nantes la semaine dernière, par la croissance singulière, pour moi très effrayante, de l’uniformité commerciale en France. Dans le coeur de ville, j’ai trouvé exactement les mêmes commerces qu’à Metz. Les mêmes chaînes de vêtements, les mêmes enseignes de bouffe, de chaussures.
Autour de soi, chacun sent bien que l’alibi de la modernisation sert à tout faire ployer sous l’implacable niveau d’une stérile uniformité. Un pareil style de vie s’impose d’un bout à l’autre de la planète, répandu par les médias et prescrit par le matraquage de la culture de masse. De la Paz à Ouagadougou, de Kyoto à Saint Petersbourg, d’Oran à Amsterdam, mêmes films, mêmes séries télévisées, mêmes informations, mêmes chansons, mêmes slogans publicitaires, mêmes objets, mêmes vêtements, mêmes voitures, mêmes urbanisme, même architecture, même type d’appartements souvent meublés et décorés d’identique manière…Dans les quartiers aisés des grandes villes, l’agrément de la diversité cède le pas devant la foudroyante offensive de la standardisation, de l’homogénéisation, de l’uniformisation.
Une uniformité désespérante
Comment pouvons-nous collectivement tolérer de retrouver dans chaque ville les mêmes enseignes, les mêmes publicités, les mêmes restaurants bientôt ?
Comment ne pas comprendre que cet appauvrissement de la diversité des enseignes va de pair avec l’uniformité des produits vendus? Sous l’apparence du choix et de la diversité, on retrouve partout les mêmes formes, les mêmes styles, les mêmes tissus.
Comment ne pas voir ce que cette uniformité implique :
- Plus de fabricants locaux
- Perte massive de savoir-faire
- Perte de la capacité d’initiative des personnes : voir ci-dessous
Des discours contradictoires
Alors qu’on encourage les gens à créer des entreprises, on voit que tout est fait au contraire pour abolir l’entrepreneuriat. On reviendra sur ce sujet, mais comment ne pas noter que la flambée des franchises, des marques toutes puissantes détenues par un groupe de plus en plus restreint d’acteurs économiques, se fait au détriment de ce qui était un vivier naturel d’entrepreneurs, c’est à dire le petit commerce, l’artisanat, les métiers de bouche.
Des produits souvent hideux, répétitifs et dépourvus de valeur
Dans les enseignes de vêtements, les Zara, H&M… on est stupéfait du misérable choix : des horreurs en vrac, une avalanche de couleurs sans couleurs, de look sans style. Dans les magasins de chaussures, des baskets rivalisant de hideur mise en avant à des prix extravagants.
Comme il pleuvait, j’ai acheté un parapluie dans le monoprix. Au premier coup de vent, il s’est plié. Je suis retourné me faire rembourser. Puis j’ai fait 5 autres magasins où j’ai trouvé les mêmes produits avec des baleines si fines qu’on sait qu’elles plieront vite. Finalement je me suis résolu à en choisir un dans une boutique du passage Pommeraye dont la déco laissait entendre qu’elle vendait des articles marins . En vrai, la même pacotille que partout ailleurs, mais une forme un peu amusante.
Comment croire que les êtres humains si curieux de tout puissent être réellement séduits par la certitude de manger le même sandwich (même composition, même mode de cuisson, même présentation) partout où il va? où est la surprise, la nouveauté?
Je partage l’analyse. C’est quand même hyper triste
Sus à l’uniformité Matéo !
Ah ça mais….